Sommaire des chroniques précédentes
L'instantané du mois
Jusqu'au mois de décembre 2009, chaque mois, Prolune et Protein Spotlight vous ont fait découvrir une nouvelle protéine ou une famille de protéines amusantes, fascinantes ou tout simplement surprenantes. Au travers d’une anecdote, d’une description de sa fonction ou des conditions de sa découverte, nous avions esquissé en quelques phrases un portrait, en français comme en anglais, illustrant à chaque fois une autre facette du monde fascinant des protéines. Malheureusement, pour des raisons budgétaires, en janvier 2010 nous avons dû renoncer à la rédaction de nouveaux instantanés.
- Otopetrine 21 décembre 2009
Pour certains d'entre nous, la fin du mois de décembre est la période de l'année où garder son équilibre peut devenir un véritable défi. La raison en est l'engourdissement saisonnier de nos sens dû à une consommation exagérée d'alcool. Ceci dit, l'alcool n'est pas seul à pouvoir jouer des tours à notre sens de l'équilibre; une altération de l'architecture de notre oreille interne produit le même effet. En effet, le mécanisme complexe que nous portons dans notre oreille interne perçoit non seulement les sons, mais également les mouvements de notre corps. Ceux qui souffrent du mal de mer savent de quoi il en retourne.
De minuscules régions de notre oreille interne sont capables de détecter à la fois la gravité et l'accélération, deux forces avec lesquelles nous devons composer sans arrêt. Si nous n'étions pas capables de le faire, le simple fait de tourner la tête deviendrait un cauchemar. Au cœur de la perception des mouvements, on trouve de petites pierres, appelées otolithes, et une protéine, l'otoptérine. L'otoptérine flotte dans une matrice extracellulaire gélatineuse dans laquelle baignent les otolithes ; elle est essentielle pour la formation des cristaux de carbonate de calcium, qui sont le matériau de base des otolithes.
Les otolithes se trouvent dans les recoins les plus sombres de notre oreille interne où ils reposent sur des cils minuscules. A chaque mouvement de notre tête, les otolithes bougent et leurs mouvements entraînent ceux des cils. La perception est ainsi relayée jusqu'aux nerfs et enfin au cerveau. En l'absence d'otoptérine, la formation des otolithes est affectée. Par conséquent notre évaluation de la gravité et de l'accélération est fortement perturbée, avec des conséquences étonnantes sur notre perception de l'environnement. En effet, lorsque cela lui arrive, le poisson zèbre ne distingue plus le haut du bas et ... nage à l'envers !
Avec le temps, les otolithes ont tendance à dégénérer et bouger, ce qui provoque un sentiment de vertige ou de perte d'équilibre - un trouble bénin, quoique fort désagréable, auxquelles les personnes âgées sont souvent sujettes. Certains médicaments peuvent aussi contribuer à la dégénérescence des otolithes. De nombreuses recherches visent à élaborer des thérapies pour améliorer la stabilité des otolithes restant et augmenter leur biominéralisation. La compréhension des mécanismes impliqués dans la synthèse des otolithes pourrait aussi amener à une meilleure compréhension de la synthèse des os, car sans os et sans otolithes comment pourrions-nous jouir d'une vie équilibrée ? Voire d'une coupe de champagne...
- Otopetrin 1, Danio rerio (Zebrafish), Q7ZWK8
Otopetrin 1, Homo sapiens (Human), Q7RTM1
- Voir aussi l'article Protein Spotlight Ear of stone
- Otopetrin 1, Danio rerio (Zebrafish), Q7ZWK8
- Lien permanent (URI): http://web.expasy.org/prolune/instantanes/062/